Art et Culture
03/07/2009 23:14

Cheb Mami condamné à cinq ans de prison

La star algérienne de la musique raï Cheb Mami a été condamnée à cinq ans de prison ferme pour des violences infligées en août 2005 à son ex-compagne, qu'il voulait voir avorter.



Le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) n'a pas entièrement suivi les réquisitions du parquet qui avait demandé sept ans de prison ferme jeudi.

Le chanteur s'est pris la tête dans les mains et a pleuré après la décision. Il va étudier l'éventualité d'un appel, a dit son avocate.

Son agent Michel Le Corre, 56 ans, est condamné à quatre ans de prison ferme, alors que le parquet en réclamait six. Comparaissant libre, il

a été immédiatement écroué.

Des peines de trois ans et six ans de prison ferme, assorties de mandats d'arrêt internationaux, ont été prononcées respectivement contre

Hicham Lazaar, 27 ans, et Abdelkader Lallali, 42 ans, exécutants présumés des violences, qui sont en fuite et ne sont pas venus au procès.

"Pour parler très clairement, quand il s'est constitué prisonnier, il savait qu'il ne venait pas pour un mois et demi de prison", a dit Me Claire

Doubliez, avocate de Cheb Mami, aux journalistes. "C'est une peine lourde mais le tribunal a tenu compte du contexte de l'affaire", estime-t-elle.

Condamné pour complicité d'enlèvement et de séquestration, violences aggravées et complicité d'administration de substances nuisibles,

Cheb Mami est relaxé du chef de menaces.

Dans ce dossier où il jouait son avenir, le chanteur algérien de 42 ans, de son vrai nom Mohamed Khelifati, est en prison depuis lundi. Il est

revenu en France pour faire face à ses juges après deux années de fuite en Algérie.

Icône dans son pays où il a lancé le raï dans les années 80 avant de l'exporter en France, Cheb Mami a vu sa célébrité culminer avec le tube

mondial "Desert rose" en duo avec Sting en 2000.

"INSTIGATEUR ET ORGANISATEUR"

Au terme de l'audience jeudi, peu avant minuit, Cheb Mami a demandé pardon à sa victime. "Je regrette tout ce qui s'est passé. Je lui

demande pardon, je regrette", a-t-il dit.

Le tribunal retient qu'il était "l'instigateur et l'organisateur" de la séquestration de son ex-amie les 28 et 29 août 2005 dans sa villa personnelle

d'Alger. La jeune femme, photographe, était tombée dans un piège organisé par Michel Le Corre au prétexte d'un voyage professionnel.

Il a ordonné avec son agent les brutalités infligées toute une nuit par Abdelkader Lallali et deux "avorteuses" non identifiées, dit le tribunal. Le

procureur les avaient qualifiées "d'actes d'un autre âge".

Pendant le procès, Cheb Mami a parlé de "faute" mais il ne s'était jamais adressé à son ex-amie. "J'étais dépassé par toute cette histoire

folle. C'est contraire à mes principes, je n'arrive pas à l'expliquer", a-t-il dit.

Malgré les brutalités, sa victime a pu garder l'enfant, né en bonne santé en mars 2006. En plaidant, l'avocate de la jeune femme a déclaré

que cette dernière était encore prête à un apaisement pour leur enfant.

"Si dans un an, deux ans, dix ans, il souhaite demander pardon à sa fille, la porte sera ouverte et ma cliente espère que sa fille lui

pardonnera", a dit l'avocate.

Fils d'ouvrier né à Saïda, Cheb Mami a chanté dès l'âge de 12 ans, connaissant le succès sous son nom de scène qui signifie "jeune môme"

et s'installant en France dès 1985.

Il était proche du régime du président Abdelaziz Bouteflika et a même fait campagne pour lui. Michel Le Corre a déclaré au procès que Cheb

Mami lui avait dit après les faits : "Je suis l'ami du président et donc je suis intouchable."


Source: Reuters via Yahoo News

Awa Diakhate



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