Sénégal d'Aujourd'hui
08/06/2009 15:57

Bonne gouvernance: le Sénégal retrouve de la confiance des bailleurs

Alors que dans le cadre admis par l’Uemoa, la note «Transfert et Convertibilité» était confirmée à trois B, le Sénégal a été noté, en fin mai, B + à long terme et B à court terme par Standard & Poor’s. Avec le qualificatif « stable » qui a remplacé le « negative » accompagnant la notation du 16 mai, jamais le profil économique n’a été aussi prometteur.



De ce fait même, le pays est placé face à une obligation de résultats en matière de cadrage macroéconomique, mais aussi d’engagement au maintien d’un bon climat social et politique.

Surveillé de près par S&P depuis 2001, lorsqu’il a été le premier pays ouest-africain à se soumettre à l’une des trois grandes agences internationales tablant sur les dettes souveraines, le Sénégal avait été sanctionné, le 16 mai, par l’affection d’une note « B+ /négative/B ».

Les difficultés des finances publiques en 2008, dues notamment à l’alourdissement de la dette intérieure, avaient installé un climat délétère. De sorte que face aux menaces sur le cadre macroéconomique encore fragile, des mesures drastiques devaient être prises: réduire le déficit budgétaire et régler la question des arriérés de paiement au secteur privé.

On se souvient des mesures drastiques qui ont été prises pour mettre en œuvre les engagements du président Wade, grâce notamment à l’appui de la France, suivi par les autres partenaires. Après l’ajustement subséquent, la notation de Standard & Poor’s a été révisée en fin mai, transformant le facteur « negative » en « stable », alors que l’œil de S&P maintient la pression afin que le rythme des réformes soit maintenu, notamment envers le Fmi avec qui il continue de travailler dans le cadre Ispe.

C’est d’ailleurs cet accord qui détermine la décision des bailleurs, comme les récents engagements de prêt de l’Agence française de développement (Afd) et de la Banque mondiale qui ont octroyé globalement 73 milliards au projet d’autoroute à péage, en particulier pour le volet social. Sans oublier la stabilité politique et la transparence qui ont prévalu lors des locales du 22 mars.

La notation « B+/stable/B » signifie que le Sénégal a retrouvé du crédit et préservé sa signature. En d’autres termes, pour le cabinet dont la notation évalue les risques de non remboursement par un pays des emprunts sur le marché, le Sénégal a fait montre de sa volonté de rembourser sa dette et ainsi améliore la qualité de sa signature. C’est-à-dire que le climat global est favorable à l’attraction de l’investissement direct étranger (Ide) et à l’accès aux marchés des capitaux pour le secteur privé national, grâce à une plus grande transparence dans la gestion budgétaire.

Toutefois, pour continuer dans ce cycle vertueux, il faut maintenir la rigueur des procédures de dépenses et d’exécution budgétaires, ainsi que l’équilibre des finances en contenant le déficit dans un objectif de 4% en 2009 contre 7% en 2008. D’autant que selon Standard & Poor’s Rating Services, « les notes du Sénégal sont limitées par le manque de flexibilité budgétaire, la vulnérabilité des finances publiques aux chocs extérieurs et la faiblesse des indicateurs de développement ».

La fin mai sera également à marquer d’une pierre blanche pour deux événements majeurs : la signature entre le Sénégal et le Japon de deux conventions de financement non remboursable de 11 milliards 645 millions de FCfa et la déclaration de renforcement de la Cncas dont le capital va être doublé en passant de 5 à 10 milliards FCfa.

L’accord signé le 29 mai par M. Abdoulaye Diop, ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, et M. Takashi Saito, ambassadeur du Japon au Sénégal, en présence du représentant de la Jica à Dakar porte sur des dons pour la réalisation de projets d’aménagement d’infrastructures sanitaires dans les régions de Tambacounda et Kédougou, d’une part, et d’autre part, de réalisation de ponts sur le corridor du sud entre le Mali et le Sénégal.

Pour rappel, en mars 2009, la Coopération nippone avait déjà décaissé un montant équivalent destiné à l’aide aux agriculteurs défavorisés, à l’aide alimentaire et à un programme d’urgence pour l’approvisionnement en eau. Ces dons devaient permettre aux autorités d’acquérir les engrais nécessaires pour une bonne campagne agricole Goana 2 et d’acheter du riz dans le cadre de l’aide alimentaire.

Un troisième volet visait la réalisation du « Programme d’urgence pour l’approvisionnement en eau pour faire face au changement climatique », à travers l’acquisition d’équipements. Cette assistance accrue du Japon dans les domaines sociaux sensibles avait été saluée par le ministre de l’Economie, Abdoulaye Diop, qui estimait à plus de 500 milliards de FCfa le total des subventions consenties par le Royaume du Japon.

Sans compter les multiples interventions dans le secteur de l’éducation depuis 1996, par la construction de salles de classes dans l’Enseignement élémentaire et moyen dans cinq régions du pays. Abdoulaye Diop n’avait pas manqué de mettre en exergue le programme d’aide alimentaire, le don hors projet et la coopération technique qui ne cessent d’enregistrer des résultats appréciables.

En outre, en marge de cette cérémonie, Abdoulaye Diop annonçait que la dissolution de la Caisse nationale du crédit agricole (Cnca) n’était pas à l’ordre du jour, contrairement à ce qui avait été compris alors à travers l’annonce faite au cours du Conseil présidentiel sur l’agriculture, relativement à la création de la Bas (Banque des agriculteurs du Sénégal) à la place de la Cncas.

Cette décision du président Wade pour lancer une « révolution verte ou rurale » remonte en fait au 3 avril 2009. Puis le 7 mai, le président Wade annonçait son intention de créer une « banque verte » dédiée aux paysans, pêcheurs et pasteurs (les 3P), dans l’espoir d’impulser « une révolution » dans le monde rural qui gagnerait en autonomie. Une idée qui sera reprécisée lorsqu’il les a reçus, le 19 mai 2009, au Palais de la République.

Une « Banque des agriculteurs du Sénégal (Bas) », en y ajoutant des mesures d’accompagnement, comme la grande offensive contre les intermédiaires et les spéculateurs du monde rural et l’organisation des agriculteurs en syndicat. La décision avait déclenché une série de réactions hostiles, dont celle du Directeur général, Arfang Boubacar Daffé, qui estimait qu’« il n’y a rien de plus vert » que la Cncas, du président du Cncr, Samba Guèye, des syndicats, etc.

Toujours est-il que c’est par la voix d’Abdoulaye Diop que la décision a été rectifiée. En lançant, le 29 mai, que « l’appellation de la Cncas va disparaître, mais que la structure demeure, avec un renforcement de son capital » qui passerait de 5 à 10 milliards FCfa, il mettait fin aux réactions émanant de tous bords. Et le communiqué du Conseil du 4 juin précise qu’il s’agit plutôt d’aller vers la recapitalisation de la Cncas, assortie de « la création d’agences départementales et de bureaux dans les communautés rurales ». D’autant que dans le cadre de son intention d’apporter un soutien accru au monde rural, le chef de l’Etat informait le conseil du 20 mai que 12 mille tonnes d’engrais pour l’arachide et 3 mille tonnes pour le mil étaient en production aux Ics.

Des intrants qui sont actuellement en voie de distribution dans le monde rural pour l’an II de la Goana, alors que pour la Cncas, il va y avoir « un renforcement de son capital », selon Abdoulaye Diop qui a ajouté, le 29 mai, que pour permettre aux syndicats d’agriculteurs et d’éleveurs d’entrer dans le capital, « l’Etat va puiser dans le budget national ». Le capital de cette Cncas « new look » devrait ainsi passer de 5 à 10 milliards FCfa.

Source: Rewmi

Awa Diakhate








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