Afrique et Moyen-Orient
30/10/2007 22:51

Bande de GAZA: une économie en ruine pour une guerre prospère

GAZA - Un raid aérien israélien contre un poste de police du Hamas à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza a fait quatre morts mardi soir, selon des médecins palestiniens. Il faut rappeler que l'économie de la bande de Gaza, bouclée par Israël, est entièrement paralysée. Une guerre qui n'en fini pas...



Le raid visait un poste de police du Hamas, selon un porte-parole du mouvement islamiste. L'armée israélienne a confirmé avoir attaqué une position "terroriste" dans le sud de la bande de Gaza, en réponse à des tirs d'obus de mortier du Hamas contre les localités du sud d'Israël.

Auparavant mardi, le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak a prévenu que la perspective d'une opération militaire de grande ampleur contre les Palestiniens qui tirent des roquettes contre Israël se rapprochait.

Il faut rapeller que l'économie de la bande de Gaza, bouclée par Israël, est entièrement paralysée. Les importations se limitent aux produits alimentaires, les exportations sont nulles alors que les pertes se chiffrent en centaines de millions de dollars, sur fond de chômage record.

Quand Naïm Siksik a repris l'entreprise renommée de son père "Bashir Siksik & Co" en 1999, il avait l'ambition d'en faire la plus grande société de fabrication de tuyaux PVC pour canalisations et pompes à eau de Gaza.

Mais depuis le bouclage total en juin de la bande de Gaza par Israël à la suite du coup de force du Hamas, l'entreprise est à l'arrêt. Il n'a désormais qu'une seule idée en tête: émigrer, au Canada de préférence, comme l'ont déjà fait ces derniers mois des dizaines de Palestiniens issus des classes moyennes.

"Depuis juin, notre production de tuyaux PVC est nulle. Nous ne pouvons pas importer les matériaux de base", qui transitent habituellement par le point de passage de Karni, près de Gaza, explique Naïm, âgé de 30 ans.

"Je perds 30.000 dollars par mois. Depuis le début de l'année, nous avons travaillé 55 jours, contre 160 en 2006", poursuit le jeune chef d'entreprise, précisant que la plupart de ses 100 employés sont au chômage technique.

"Tous les hommes d'affaires de la bande de Gaza sont arrivés à la même conclusion, dit-il. Il n'y a plus d'espoir. Nous n'apercevons aucune lumière au bout du tunnel".

L'ensemble du secteur privé de la bande de Gaza -en particulier le secteur industriel, épine dorsale de l'économie- est saigné à blanc.

"Nous traversons la crise économique la plus sévère jamais vécue", affirme Amr Hamad, président de la Fédération des industriels palestiniens.

"Le secteur industriel compte 3.900 entreprises et 35.000 employés. On peut dire que plus de 30.000 personnes sont actuellement au chômage et 95 % des sociétés sont fermées", ajoute-t-il.

La production industrielle de Gaza (meubles, vêtements, nourriture et produits de construction) est pour les trois quarts destinée à l'exportation, vers Israël et la Cisjordanie, selon un rapport du Centre palestinien de commerce (Paltrade), dont les chiffres servent de référence à la Banque mondiale.

Mais depuis le 12 juin, deux jours avant la prise de Gaza par le Hamas, aucun produit n'a été exporté en raison de la fermeture du point de passage de Karni, précise Paltrade, qui estime que le chômage dans le secteur privé atteint désormais environ 70%.

Les pertes du secteur industriel se sont élevées pour le seul mois de septembre à 110 millions de dollars, selon Paltrade. "Le plus grave pour les industriels, c'est qu'il vont perdre leurs contrats en Israël si les fermetures se poursuivent", insiste Hanane Taha, directrice de l'organisme.

Autre conséquence, note Paltrade, "95% des projets de construction (dans la bande de Gaza) ont été interrompus en raison de l'absence de matériaux de construction. La valeur de ces projets de construction est estimée à 160 million de dollars".

Hanane Taha met en garde contre d'autres déboires à l'approche de la saison de l'exportation des fruits et légumes qui commence à la mi-novembre. "Les pertes seront énormes si Karni reste fermé", avertit-elle.

L'agriculture de la bande de Gaza, autre secteur majeur pour l'emploi, pourrait perdre le produit destiné à l'exportation de toute une saison, soit 13 millions de dollars, selon Paltrade.

H.V/OnLine EditWeb NeWs



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