France
06/12/2007 14:20

Avec Léopold Eyharts, la France retourne dans les étoiles

Le Parisien/Aujourd'hui en France

Plus de cinq ans après le dernier vol spatial d'un Français, Léopold Eyharts doit s'envoler aujourd'hui à bord de la navette en direction de l'ISS. Il y mettra en route Columbus, un laboratoire d'expériences unique conçu par l'Europe. Un vrai pari.



«DIX, neuf, huit, sept... deux, un, ignition (NDLR : mise à feu). » Si tout se déroule comme prévu, c'est le scénario qui doit se dérouler ce soir, à 22 h 31 heure de Paris, 16 h 31 à Cap Canaveral, d'où décollera depuis le pas de tir 39A la navette Atlantis pour une mission de dix jours.

« Les chances sont de 90 % pour un décollage à l'heure », résumait hier un responsable de l'Agence spatiale européenne (ESA) depuis le centre spatial Kennedy. « L'engin a l'air bien et le temps aussi a l'air bon », ajoutait Kathy Winter, officier météo à l'US Air Force, qui ne détecte pour l'instant aucun nuage dans le ciel bleu de Floride.

Si un incident retardait le compte à rebours, la Nasa procéderait à un nouvel essai vendredi. Mais l'optimisme semble de mise, même après la découverte d'une petite fuite de liquide sur le pas de tir, qui ne proviendrait pas de la navette mais des installations au sol.

Dans l'immédiat règne sur ce petit bout de terre, perdu entre mer et marais et que survolent des rapaces, une ambiance un peu particulière. Dans les couloirs ou à la cafétéria, on entend non seulement parler anglais, mais aussi français, italien ou allemand. De fait, la mission de ce soir, baptisée STS-122, loin d'être de routine, sera suivie de très près dans l'Hexagone et en Europe.

Les difficultés de la Nasa

Deux raisons à cela. D'abord, Atlantis emmènera parmi son équipage de sept personnes un compatriote, Léopold Eyharts, un événement devenu rare puisque le dernier vol pour un Français remonte à juin 2002, ainsi qu'un astronaute allemand, Hans Schlegel. Ensuite, l'engin emportera dans sa soute un gros module de 10 t, Columbus. Un laboratoire scientifique conçu et financé par dix des pays regroupés au sein de l'ESA. Ce fleuron de la technologie a causé bien des sueurs froides aux Européens. Il attendait depuis mai 2006 dans un hangar le bon vouloir de la Nasa, seule capable de hisser en orbite une telle masse. Or, les Américains ont pris du retard dans leur programme depuis la catastrophe de Columbia, en 2003. Nombre de missions ont été annulées et la décision a été prise de cesser tout vol de navette en 2010. Il fallait donc pouvoir caser la mission Columbus dans un planning déjà très chargé.

Mais une fois que son labo sera solidement arrimé à l'ISS et qu'il aura été mis en route, l'Europe disposera pour la première fois d'une certaine autonomie dans l'espace, d'un lieu de travail où elle pourra mener les expériences de son choix. Membre d'une mission de la navette en 1996 et aujourd'hui directeur adjoint pour la prospective et la recherche au Cnes (Centre national d'études spatiales), Jean-Jacques Favier s'exclame même : « On va enfin pouvoir faire de la science. Entre astronautes, on blague souvent. On dit qu'on fait de la science du samedi matin, c'est dire le temps qui est consacré à ce qui devrait constituer la vocation de la station. »

Nicolas Maury



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