Nouvelles de la Faim et de la Mort!
09/11/2005 01:53

Autodétérmination des Peuples

TROISIÈME COMMISSION: LE DROIT À L’AUTODÉTERMINATION GARANT DE LA LUTTE ARMÉE POUR CERTAINS ET OUTIL PERMETTANT DE CHOISIR SON AVENIR POLITIQUE POUR D’AUTRES

La Commission des affaires sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) a entamé sa deuxième journée de débat consacré au racisme et à la discrimination raciale en accordant une attention particulière au droit à l’autodétermination des peuples.


La Commission des affaires sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) a entamé sa deuxième journée de débat consacré au racisme et à la discrimination raciale en accordant une attention particulière au droit à l’autodétermination des peuples.

Les délégations ayant pris la parole ce matin, la majorité provenant de pays en développement, ont regretté que malgré la tenue en 2001 de la Conférence de Durban contre le racisme, les pires formes de discriminations et d’intolérances ethniques ou religieuses persistent encore. Ces pays ont dénoncé, en particulier, le maintien de l’occupation étrangère au Moyen-Orient qui prive le peuple palestinien de son droit à l’autodétermination. Sans l’exercice de ce droit collectif, qui pour le représentant de l’Égypte constitue un pilier du droit international, les Palestiniens ne pourront pas jouir de leurs droits individuels. Le droit à l’autodétermination, ont ajouté certains, garantit à tous les peuples le droit à la lutte armée contre l’occupation étrangère et la colonisation.

Des pays comme l’Inde on réaffirmé toutefois qu’aucun droit, y compris le droit à l’autodétermination, ne devait être utilisé comme un instrument subversif pour éroder la cohésion politique et l’intégrité territoriale des États Membres des Nations Unies. Le droit à l’autodétermination ne peut pas servir de prétexte à des visées sécessionnistes. Pour le représentant du Lichtenstein, l’exercice du droit à l’autodétermination ne devrait pas être considéré sur le même plan que l’indépendance, précisant qu’il s’agissait plutôt d’un processus permanent dans lequel les peuples et les communautés doivent pouvoir décider librement de leur statut politique et de leur développement économique, social et culturel.

La Conférence mondiale contre le racisme qui s’était tenue à Durban du 31 août au 8 septembre 2001 avait reconnu regretter profondément les souffrances humaines indicibles causées par l’esclavage, la traite des esclaves, le colonialisme et le génocide. Elle avait également appellé à mettre un terme à la violence au Moyen-Orient et à reprendre les négociations afin de permettre à Israël et aux Palestiniens de reprendre le processus de paix. Toutefois, la question relative au Moyen-Orient qui, amplifiée de façon exagérée dans le Document final du Forum des ONG dans un langage haineux pour certains, serait à l’origine du retrait des Américains et des Israéliens de la Conférence (voir notre communiqué de presse DR/D/952 en date du 8 septembre 2001).

En début de séance, la Commission avait été saisie de plusieurs projets de résolution portant sur le Centre sous-régional pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique présenté par le Cameroun(A/C.3/60/L.30); Institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l’homme présenté par l’Inde (A/.C3/60/L.33); Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnues présenté par la Norvège (A/C.3/60/L.40); Situation des droits de l’homme en République démocratique du Congo présenté par le Royaume Uni (A/C.3/60/L.41); Situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran présenté par le Canada (A/C.3/60/L.41); Situation des droits de l’homme au Turkménistan présenté par les États-Unis (A/C.3/60/L.46); Situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée présenté par le Royaume Uni (A/C.3/60/L.48) et Situation des droits de l’homme au Myanmar présenté par le représentant du Royaume Uni (A/C.3/60/L.53).

Les délégations des pays suivants ont pris la parole: Algérie, Japon, Cuba, Lichtenstein, Chili, Iraq, Égypte, République islamique d’Iran, Jamahiriya arabe libyenne, Venezuela, Pakistan, République arabe syrienne, Inde, Iraq et Fédération de Russie. L’Observateur de la Palestine s’est également exprimé.

La Commission achèvera son débat général sur cette question demain mercredi 9 novembre à 10 heures.


ÉLIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE

- ÉLIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE

- MISE EN OEUVRE INTÉGRALE ET SUIVI DE LA DÉCLARATION ET DU PROGRAMME D’ACTION DE DURBAN

DROIT DES PEUPLES À L’AUTODÉTERMINATION

Suite du débat général

M. ABDELOUAHAB OSMANE (Algérie) a fait part de sa préoccupation devant la résurgence des idéologies racistes et xénophobes qu’aucune conjoncture ni aucun prétexte ne sauraient justifier. Nous devons rejeter la banalisation des discours racistes et les énoncés d’exclusion qui sont une insulte à l’intelligence et à la conscience humaine. M. Doudou Diène, le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, a dressé un bilan alarmant et sans équivoque et a attiré l’attention sur la régression du combat mondial contre le racisme. Devant ces signes d’échec annoncés et afin de préserver l’élan de Durban, l’Organisation des Nations Unies se doit de réagir avec détermination. Préserver l’élan de Durban c’est aussi faire honneur au devoir de mémoire et réparer les injustices du siècle passé qu’auront été l’esclavagisme, le colonialisme et l’occupation étrangère. Abordant la question du droit à l’autodétermination, le représentant a indiqué qu’en dépit des progrès accomplis cette œuvre reste inachevée. Il en est ainsi du peuple du Sahara occidental qui attend, trente ans après le retrait de l’ancienne puissance coloniale, d’exercer son droit à l’autodétermination et du peuple palestinien qui continue de revendiquer son droit à l’existence et à l’établissement d’un État souverain avec El Qods Ech-Charif pour capitale.

M. SHINIKI KITAOKA (Japon) a déclaré que, malgré le succès qu’a connu l’ONU en obtenant l’abolition de l’apartheid, de nouveaux défis se dressent devant la communauté internationale: la mondialisation, le nombre croissant de travailleurs migrants, le développement des nouvelles technologies; qui favorisent une diffusion du racisme et de la discrimination raciale. En outre, dans les situations de conflit, la xénophobie est devenue l’une des armes majeures menant au génocide. Dans ce contexte, il est essentiel, comme l’a affirmé le Rapporteur spécial, de réfléchir en profondeur aux liens qui unissent racisme, discrimination et identité nationale.

Le représentant a en outre indiqué que son Gouvernement et les autorités locales japonaises avaient pris des mesures pour lutter contre la discrimination, notamment à travers l’éducation et la promotion de programmes de sensibilisation du grand public (par exemple, des échanges d’écoliers). De fait, le racisme repose sur l’ignorance et les préjugés et ceux-ci doivent être combattus pour construire une société multiculturelle harmonieuse, a-t-il souligné. Pour faire face aux difficultés qui persistent, en particulier du fait du nombre croissant d’étrangers vivant sur le territoire, le Gouvernement japonais a présenté un projet de loi sur la protection des droits de l’homme, qui interdit notamment les pratiques discriminatoire s. Il est à espérer qu’il sera adopté prochainement, a-t-il conclu.

Le représentant de Cuba a indiqué que la discrimination est une manifestation de l’exploitation de l’homme par l’homme et se pérennise par une répartition inégale des richesses dans le monde. Il ne pourra pas y avoir de démocratie et de droits de l’homme tant que le racisme et la xénophobie existeront. Le représentant a évoqué les évènements du 11 septembre et la tendance voulant que les partis de droite se soient depuis radicalisés. Le passage à tabac de la population noire de la Nouvelle Orléans et les brimades exercées contre les prisonniers de Guantanamo reposent sur le concept d’une supériorité ethnique. Certains pays cherchent à réduire la diversité des cultures et la pleine jouissance du droit à l’autodétermination des peuples, notamment celui du peuple de Porto Rico et du peuple palestinien. Une même puissance a commis des exactions graves contre le peuple cubain en appliquant un blocus génocidaire et en occupant une partie de l’île. Cette même puissance a organisé et financé des opérations mercenaires sur l’île. Cette puissance qui se dit la championne des droits de l’homme accueille sur son territoire un terroriste ayant détourné un avion de Cubana airlines en 1976 ayant entraîné la mort de 76 personnes.

M. PATRICK RITTER (Liechtenstein) a déclaré que le droit à l’autodétermination, en tant qu’outil essentiel pour prévenir les conflits et consolider la stabilité des États, devait être davantage étudié. De fait, a-t-il poursuivi, de nombreux conflits éclatent parce que certains peuples se voient refuser le droit de faire valoir leur identité propre. L’exercice du droit à l’autodétermination ne devrait cependant pas être considéré sur le même plan que l’indépendance, a-t-il souligné, précisant qu’il s’agissait plutôt d’un processus permanent dans lequel les peuples et les communautés doivent pouvoir décider librement de leur statut politique et de leur développement économique, social et culturel.

Le représentant a évoqué, à ce sujet, la résolution 2625 de l’Assemblée générale (1970), dite Déclaration sur les relations amicales, qui prévoit différentes formes d’exercice du droit à l’autodétermination. S’il ne devait être considéré que du point de vue du droit à faire sécession, a-t-il indiqué, le droit à l’autodétermination ne pourrait que nourrir des conflits, alors que vu sous différentes formes d’autogouvernement ou d’auto-administration, il est susceptible d’apporter de nouvelles perspectives pour une coexistence pacifique entre les peuples. C’est pour cette raison que le Liechtenstein a toujours prôné une approche graduelle, celle-ci pouvant s’appliquer non seulement aux pays sous occupation étrangère, mais également à tous les peuples, a-t-il affirmé. Le représentant a cependant regretté qu’une telle approche n’ait jamais été réellement prise en considération.

C’est dans cette perspective, a-t-il poursuivi, que le Liechtenstein a, en 2000, créé l’Institut pour l’autodétermination, au sein de l’Université de Princeton, afin de soutenir la réflexion sur la manière de permettre aux peuples de bénéficier d’une plus grande indépendance. L’un des projets en cours réside dans la création d’une encyclopédie, qui définirait les termes liés à l’autodétermination, proposerait des monographies permettant de comparer les expériences dans différents pays depuis le XIXe siècle et approfondirait des sujets comme la mondialisation, le développement économique, la religion, etc. L’encyclopédie adopterait une approche multiculturelle dans la définition des termes. Il s’est déclaré convaincu que ces recherches, en formulant de nouveaux modèles de gouvernement, constitueront un outil utile de prévention des conflits dans le cadre de l’autodétermination.

M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a indiqué que le Programme d’action de Durban a constitué la pierre de taille des efforts de son pays dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. L’action du Gouvernement repose sur des réseaux sociaux efficaces qui mettent l’accent sur l’éducation et l’accès au logement, à l’éducation et aux soins de santé. Depuis 2000, nous avons mis sur place un programme sur la non-discrimination en tenant compte des besoins de certains groupes ethniques. Ce programme a créé une dynamique de travail qui repose sur un réseau d’une soixantaine d’associations travaillant dans ce domaine. Le moment est venu de renforcer la démocratie avec la participation des citoyens au processus de prise de décision.

M. AHMED A.A. ABBAS (Iraq) a souligné l’importance, dans son pays, du renforcement de la démocratie et de la lutte contre toutes les formes de discrimination pour créer un État où tous les citoyens pourraient jouir des mêmes droits. Il a indiqué que l’article 14 de la Constitution actuelle rejetait toute forme de discrimination sur une base ethnique, de couleur de peau, de religion, d’opinion ou de statut économique ou social. Le Gouvernement élabore actuellement un nouveau projet de constitution, qui donnerait la primauté aux compétences scientifiques et culturels et à l’attachement à la nation, à son héritage et à ses valeurs, a-t-il indiqué.

Le représentant a par ailleurs déclaré que la Commission électorale avait consacré dans la Constitution les principes de la coexistence pacifique, de l’égalité et de la non-discrimination. Il a souligné que le Gouvernement considérait que les minorités constituaient en outre une composante essentielle de l’unité iraquienne. La Constitution permanente nouvelle consacrera ainsi les droits légitimes de toutes les composantes du peuple iraquien. Il a conclu que le soutien de la communauté internationale était essentiel pour garantir la démocratie et les principes d’une nation civilisée, de droit, d’égalité et reposant sur des institutions démocratiques et légales.

M. AMMAR HIJAZI, Observateur de la Palestine, a déclaré que la responsabilité de lutter contre le racisme incombait à la communauté internationale tout entière. Il a rappelé l’expérience douloureuse que connaît la Palestine depuis 1948. À cette époque, plus de 800 000 palestiniens ont été contraints de fuir leur patrie; ils ont été abandonnés, sans carte d’identité. Les réfugiés espéraient que le monde n’accepterait pas qu’une telle injustice s’abatte sur eux, a-t-il déclaré, or, 40 ans plus tard, ils sont plus de 4 millions à vivre dans des camps de réfugiés, à proximité d’une terre prospère. Ils attendent encore que la communauté internationale leur fasse justice, car Israël leur refuse tout droit, et ce, alors même qu’il les accorde à d’autres, nés dans d’autres pays, sur la seule base de leur religion. Cette marque de racisme à l’égard des Palestiniens autochtones, qu’ils soient réfugiés ou vivent sur les territoires occupés, s’accompagnent de multiples autres, a-t-il déploré. Ainsi, Israël oblige les non juifs à apporter la preuve de leur résidence pour pouvoir conserver leur nationalité ou appuie la création d’établissements exclusivement juifs dans les territoires palestiniens, ce qui est contraire à la quatrième Convention de Genève de 1948 et à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de racisme de 1966. En outre, a-t-il poursuivi, Israël a construit un mur qui traduit concrètement son racisme, en accentuant son contrôle sur la terre des Palestiniens et en leur refusant le droit à une vie digne, sur la base de considérations religieuses et ethniques. Ce n’est que lorsque Israël autorisera le retour des réfugiés palestiniens sur leur terre, que la paix règnera dans la région, a-t-il conclu.

M. MOHAMED ELBADRI (Égypte) a déclaré que l’on ne pouvait pas mettre en doute l’importance du droit à l’autodétermination et de sa mise en application d’autant plus que ce droit constitue un pilier du droit international et est reconnu par tous les États respectant les droits de l’homme, y compris le droit de décider de son avenir sur sa propre terre. Le droit à l’autodétermination est un droit collectif et l’homme ne pourra jouir de ses droits individuels sans exercer ce droit. La communauté internationale a d’ailleurs réaffirmé ce principe dans la Charte, les textes internationaux et les résolutions des Nations Unies. Les tentatives de lui porter atteinte constituent une violation de nos principes. Le droit à l’autodétermination est, en outre, indivisible et garantit à tous les peuples le droit à la lutte armée contre l’occupation étrangère et la colonisation. Ceci s’applique au peuple palestinien en particulier. L’échec de la communauté internationale à garantir l’exercice de ce droit par le peuple palestinien est une forme de discrimination à l’encontre des Palestiniens qui ont mené une lutte pendant des décennies sur la base de la légitimité internationale. L’ère de l’occupation est révolue. Nous appelons à la promotion d’une paix globale et juste qui repose sur la légitimité internationale.

M. MAHMUD A.A. ABUSIF (Jamahiriya arabe libyenne) a regretté que le racisme et la discrimination raciale persistent partout dans le monde, parfois sous des formes peu visibles, notamment contre les réfugiés, les immigrés, les populations autochtones et les résidents étrangers, alors que le Programme d’action de Durban offre aux États une méthode d’action pour lutter contre les diverses formes du racisme et malgré les diverses conférences régionales qui se sont tenues sur le sujet. Les migrations ont accentué le racisme contre une main d’œuvre qui peut être facilement exploitée, a-t-il relevé.

S’il s’est réjoui que l’Assemblée générale ait adopté une résolution sur les mauvais traitements infligés aux travailleurs migrants, le représentant a regretté que les instruments internationaux relatifs à la lutte contre la discrimination raciale soient l’objet de nombreuses violations, y compris de la part des pays qui les ont ratifiés. Il a ainsi mis en cause les agissements discriminatoires d’Israël dans les territoires occupés, qui visent notamment à noyer l’identité palestinienne et qui se sont récemment traduits par la construction d’un mur de séparation ayant pour résultat de diviser le peuple palestinien en deux. En dépit des appels de la communauté internationale, Israël persiste à bafouer les droits du peuple palestinien, notamment celui de l’autodétermination, a-t-il souligné.

Le représentant a également regretté que la Convention internationale contre le recrutement, l'utilisation, le financement et l'instruction des mercenaires, adoptée par l’Assemblée générale en 1989 et entrée en vigueur en 2001, dont la Libye est partie, n’ait été ratifiée que par 26 pays. Soulignant son importance dans la prévention des conflits et le respect des droits de l’homme, il a émis le vœu que l’ONU adopte une définition adéquate du mercenariat et invite les États à participer à des séminaires permettant de mieux leur faire comprendre les dispositions de cette convention.

Mme ELEYDA GARCIA-MATOS (Venezuela) a indiqué que son pays était caractérisé par le multiculturalisme et un métissage important. La Constitution dans son article 19 garantit à toute personne la jouissance et l’exercice indivisible et interdépendant des droits humains. De même, son article 20 garantit à toute personne le droit à l’épanouissement de sa personnalité. Nous garantissons le plein exercice des droits des personnes âgées et de leur dignité en leur accordant une protection sociale. S’agissant des femmes, nous avons ratifié le Protocole facultatif à la Convention sur la lutte contre toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes. La représentante a évoqué les lois adoptées pour lutter contre les discriminations dont sont victimes les personnes handicapées et les personnes autochtones. Ainsi, le gouvernement a démarqué les terres autochtones, déploie des efforts importants pour préserver leur culture et promouvoir l’éthno-développement.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que le droit à l’autodétermination, qui est reconnu par le premier article de la Charte des Nations Unies, constituait le fondement des droits des peuples et des droits individuels de chaque être humain. Il a rappelé que la Déclaration sur les principes du droit international relatifs aux relations amicales entre les États souligne que les États ont le devoir de s’abstenir de toute mesure coercitive privant les peuples de jouir du droit des peuples à l’indépendance, à l’égalité, au droit à l’autodétermination, à la liberté et à l’indépendance.

Le représentant a cependant estimé que ces droits étaient entravés en Palestine, mais également dans la région du Jammu-et-Cachemire. Il a rappelé que 60 ans s’étaient écoulés depuis que ce peuple s’était vu promettre par l’ONU la possibilité d’exercer son droit à l’autodétermination, d’une part par le biais d’une démilitarisation de la zone, d’autre part par la tenue d’un référendum sous le contrôle des observateurs de l’ONU. Le représentant a indiqué qu’un dialogue s’était ouvert avec l’Inde l’année passée, dialogue fondé sur le désir de paix et de coopération des deux peuples. Il a débouché sur des mesures de confiance, mais, a souligné le représentant, une solution n’est pas encore en vue. Il a estimé que celle-ci pourrait être facilitée par la démilitarisation du Jammu-et-Cachemire, par la libération des prisonniers politiques et par la fin des violations des droits de l’homme à l’encontre du peuple kashmiri. Il en a appelé à l’appui de l’ONU pour permettre à ce peuple d’exercer son droit à l’autodétermination.

Mme WARIF HALABI (République arabe syrienne) a estimé que le racisme est un des maux les plus dangereux qui peut dépasser dans sa brutalité toutes les normes humaines. Nous sommes préoccupés de constater la montée de l’intolérance dans le monde et l’intensification de la violence. La représentante a regretté l’islamophobie qui s’est intensifiée depuis les attentats du 11 septembre. Évoquant le passé de son pays connu pour être une terre de tolérance entre religions, elle a regretté qu’au 21e siècle, il existe encore des peuples qui sont privés de la jouissance de leurs droits fondamentaux. En Syrie, qui appartient à une région qui est le berceau des trois religions révélées, la législation affirme l’importance de lutter contre la discrimination raciale et religieuse sous toutes ses formes. En dépit de ses accomplissements, l’Organisation des Nations Unies a été incapable de permettre au peuple palestinien d’exercer son droit à l’autodétermination en raison du refus d’Israël de mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies et de respecter la légalité internationale.

Mme JAYA BACHNAN (Inde) a noté que l’époque de la colonisation et de l’impérialisme est loin derrière nous, et pourtant, malheureusement, les attitudes, les habitudes et les modes de pensée continuent à produire des sentiments de haine raciale et des discriminations. Il est temps de renouveler les engagements pris à Durban en 2001, à la Conférence contre le racisme, les discriminations raciales, la xénophobie et l’intolérance, a estimé la représentante. La Déclaration de Durban préconisait des approches pratiques pour combattre l’intolérance contre les idées, les croyances, la couleur ou la foi d’autrui, et pour faire progresser la dignité et l’égalité de tous. La bataille contre le racisme doit se jouer au sein de la société dans chaque pays, afin de modifier les modes de pensée et les attitudes.

L’Inde, à commencer par le Mahatma Gandhi, s’est engagée au cours de son histoire à éliminer le racisme. Le Code pénal combat aussi la dissémination des idées susceptibles de fragmenter la société. Et la Constitution, à son article 15, prohibe les discriminations ethniques. L’Inde a joué aussi un rôle dans la lutte pour la décolonisation et elle soutient le droit des Palestiniens à l’autodétermination. Elle approuve pleinement le processus de paix et la Feuille de route du Quartet. Cependant, a souligné Mme BACHNAN, avec la liberté vient la responsabilité. Aucun droit, pas même celui à l’autodétermination, ne peut servir à promouvoir la subversion, à attaquer la cohésion politique ou l’intégrité territoriale d’un État Membre des Nations Unies. Le droit à l’autodétermination ne doit pas être utilisé abusivement pour encourager la sécession ou saper les bases des États pluralistes et démocratiques. L’autodétermination ne doit pas être dévoyée et mal interprétée, comme le droit d’un groupe, sur une base ethnique, religieuse ou raciale, ou autre distinction de cet ordre, à miner la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un pays.

M. MOSTAFA ALAEI (République islamique d’Iran) a déclaré que depuis les évènements du 11 septembre 2001, une nouvelle vague de discriminations, de violations des droits de l’homme et de crimes de haine frappaient les musulmans de nombreuses sociétés occidentales. Affirmant que ce phénomène s’était produit dans l’ombre de la lutte contre le terrorisme, il a souligné que non seulement les pays concernés, mais aussi plus largement la communauté internationale, devaient y mettre fin. Le représentant a ensuite présenté une série de mesures en vue de combattre le racisme et la discrimination raciale. Selon la délégation iranienne, l’établissement de la confiance parmi les différentes religions, cultures et civilisations devrait être la priorité numéro une de tous les États Membres et des organisations régionales. Elle a indiqué qu’il fallait aussi s’assurer que les mesures prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme n’affectent ni les musulmans, ni les juifs, ni les chrétiens, ou les adeptes de quelque religion que ce soit. Enfin, M. Alaei a demandé que les autorités et les médias s’engagent par des actions résolues à lutter contre toute tendance à cibler, stigmatiser, stéréotyper des personnes en raison de leur origine ethnique, de leur nationalité ou de leur religion.

M. AHMED A.A. ABBAS (Iraq) a déclaré que son Gouvernement oeuvrait à construire une nation ouverte sur le monde, où la dignité de chaque être humain est respectée. Le soutien de la communauté internationale est, à cet égard, essentiel pour favoriser l’expression libre du peuple iraquien, a-t-il souligné, ajoutant que celui-ci saisissait parfaitement le sens que revêt profondément l’autodétermination, principe par lequel il est aujourd’hui en mesure de décider seul de son destin. Il en a également appelé à un appui international et régional pour faire face au terrorisme, qui bafoue les droits fondamentaux du peuple iraquien.

M. AMMAR HIJAZI, Observateur de la Palestine, a estimé que la communauté internationale doit poursuivre ses efforts tant que le droit à l’autodétermination n’est pas une réalité pour tous les peuples du monde. Au cours de l’occupation israélienne, les palestiniens ont été privés de l’exercice de leurs droits fondamentaux. Chaque année qui passe est une année de souffrance et les tentatives d’améliorer la situation sur le terrain sans régler la question de l’autodétermination ne permettront pas d’améliorer la situation. Même le droit à la vie n’est pas respecté. La politique israélienne de construction du mur et la poursuite des colonies de peuplement ont pourtant été jugés contraire au droit international par la Cour internationale de justice. La poursuite de l’occupation et la déshumanisation de la population palestinienne ne mettront pas un terme à nos aspirations et nous soumettrons cette année encore un projet de résolution sur le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

M. GRIGORY E. LUKYANTSEV (Fédération de Russie) a déclaré que l’Histoire avait montré que le fait de sous-estimer les dangers du racisme pouvait avoir des conséquences tragiques pour l’humanité, faisant en particulier référence à la Seconde Guerre mondiale et à la politique déployée par le régime nazi d’Hitler. Il a souligné que des voix s’élevaient aujourd’hui pour réécrire l’Histoire, en niant les méfaits du nazisme, et ce, sans que les personnes et les groupes qui soutiennent ces thèses révisionnistes soient poursuivis par les tribunaux. Il convient que la communauté internationale condamne clairement ces discours racistes, a-t-il déclaré, rappelant que le racisme au quotidien, fondé principalement sur des préjugés, était à l’origine de l’émergence d’un racisme politique.

La lutte contre l’intolérance doit être centrale dans tous les pays, a-t-il poursuivi, estimant qu’il n’était pas suffisant de condamner publiquement ces faits et de faire voter des lois contre la discrimination raciale, et qu’il convenait de bâtir une culture de la tolérance, tant par le biais de l’éducation que par des campagnes de sensibilisation. Il a indiqué que la Fédération de Russie appuyait les travaux des groupes de travail de la Commission des droits de l’homme sur la mise en oeuvre du programme de Durban et avait demandé au Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance, M. Diène, de visiter le pays en 2006. Il a également attiré l’attention sur le fait que plusieurs délégations s’étaient abstenues lors du vote du projet de résolution présenté par son pays à la Commission des droits de l’homme, et qui condamnait le néonazisme. Il a émis le souhait que ces pays modifient leur position lors du vote du projet de résolution du même nom que son pays proposera au vote de la Troisième Commission.



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