Afrique et Moyen-Orient
02/12/2024 14:53

Au Tchad comme au Sénégal, la présence militaire française prend fin

En une journée, deux pays partenaires de longue date de la France, le Tchad et le Sénégal, ont annoncé la fin de leur coopération militaire stratégique avec Paris. Ces décisions marquent une nouvelle étape dans le recul de l’influence française sur le continent africain, où des acteurs comme la Russie et la Chine cherchent à accroître leur présence.


Une annonce en 24 heures : deux retraits majeurs pour la France en Afrique

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Tchad a officialisé par communiqué la rupture de l’accord de défense signé avec la France. Cette décision met fin à une coopération qui durait depuis l’indépendance du pays en 1960. Selon le ministère tchadien des Affaires étrangères, cette mesure s’inscrit dans une volonté d’affirmer une souveraineté pleine et entière. Le retrait des 1 000 soldats français encore présents sur le territoire est désormais attendu.

De son côté, le Sénégal a exprimé sa volonté de mettre fin à la présence militaire française sur son sol. Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a affirmé que cette décision correspondait à sa conception de la souveraineté et de l’indépendance. Cette annonce survient alors que la France fait face à des remises en question similaires dans d’autres pays africains, comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Une dynamique de rupture avec Paris

Ces annonces successives traduisent une tendance plus large en Afrique. Depuis plusieurs années, des gouvernements africains, notamment ceux du Sahel, remettent en cause les accords militaires avec la France. Les raisons varient, mais elles incluent souvent des critiques sur l’ingérence de l’ancienne puissance coloniale et une volonté de diversifier les partenariats internationaux.

Le Tchad, tout en mettant fin à l’accord de défense, a souligné que les relations historiques et les liens d’amitié avec la France n’étaient pas remis en question. Cependant, cette mesure marque une réorientation stratégique du pays. Mahamat Idriss Déby, chef d’État tchadien, a récemment renforcé les liens avec la Russie, un acteur de plus en plus présent en Afrique. En juin dernier, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, s’était rendu à N’Djamena pour discuter de coopération militaire.

Au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye a également évoqué la possibilité de collaborer avec la Russie. Le président sénégalais a précisé que son pays cherchait des partenariats variés, incluant des acteurs comme les États-Unis, la Chine et la Turquie, sans la présence de bases militaires étrangères.

La France avait déjà dû retirer ses troupes de plusieurs pays africains ces dernières années, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, après des tensions croissantes avec les autorités locales. Ces départs forcés illustrent la perte de poids diplomatique de Paris sur le continent, où son rôle est de plus en plus critiqué.

Les rapports de la France avec ses partenaires africains sont désormais fragilisés. Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, était en visite à N’Djamena peu avant l’annonce tchadienne, un timing qui souligne l’ampleur de ce revers diplomatique. En parallèle, Jean-Marie Bockel, émissaire spécial d’Emmanuel Macron, avait récemment présenté un rapport recommandant une réduction significative des effectifs militaires français en Afrique, notamment au Gabon et en Côte d’Ivoire.


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