Asie & Extrême Orient
20/03/2008 12:17

Arrestations au Tibet, le dalaï-lama prêt à aller à Pékin


Alors que s'intensifie la répression après les troubles de ces derniers jours au Tibet, le dalaï-lama s'est dit prêt jeudi à se rendre à Pékin pour rencontrer les dirigeants communistes chinois une fois que les violences dans son pays d'origine auront cessé.



"Je suis toujours prêt à rencontrer les dirigeants chinois, particulièrement Hu Jintao", a confié à des journalistes le chef spirituel en exil des Tibétains, par allusion au président chinois.

Pékin accuse le dalaï-lama d'orchestrer les manifestations de protestation à partir de Dharamsala, dans le nord de l'Inde, où siège son gouvernement en exil.

Ce dernier s'en défend, prône une autonomie élargie plutôt que l'indépendance pour le Tibet et se dit également opposé à un boycottage des Jeux olympiques de Pékin.

Mais sa ligne pacifiste est contestée par une partie de la communauté tibétaine, en particulier parmi les jeunes générations, qui souligne qu'elle n'a guère produit d'effet au cours des vingt dernières années.

"Beaucoup de Tibétains nourrissent peut-être des attentes irréalistes", a commenté, sans en dire davantage, le chef spirituel des Tibétains. "Pour cette raison, il me faut réfléchir avec beaucoup d'attention."

"Quand le moment sera venu de me rendre (à Pékin), je serai prêt", a ajouté le prix Nobel de la paix 1989 en estimant que ces discussions pourraient avoir lieu "dans les semaines ou les mois" à venir une fois que les troubles auront cessé.

Pour l'heure, Pékin continue d'accuser le dalaï-lama de chercher à saboter les Jeux olympiques qu'organise en août la capitale chinoise et à diviser la Chine "sous le camouflage de la religion".

LES JO AU CENTRE DU DÉBAT

Les autorités imputent depuis des jours à la "clique du dalaï" les manifestations de Lhassa qui ont dégénéré en émeutes vendredi dernier et se sont propagées à d'autres villes de l'ancienne théocratie occupée par la Chine depuis 1950, et à des provinces voisines où vivent de fortes communautés tibétaines.

Elles ont annoncé jeudi que 24 suspects avaient été arrêtés pour leur participation présumée aux émeutes de Lhassa.

Les services du procureur de Lhassa précisent que les suspects ont été inculpés de mise en danger de la sécurité nationale et de "voies de fait, destructions, pillages, incendies volontaires et autres crimes lourds".

Les crimes contre la sécurité nationale sont généralement sanctionnés de peines lourdes qui peuvent aller jusqu'à des condamnations à mort.

Ces arrestations interviennent alors que les autorités chinoises ont accentué leur présence au Tibet et dans les provinces voisines de l'ouest du pays: l'armée y est omniprésente et les journalistes étrangers qui avaient pu se rendre dans ces régions ont été expulsés.

Cette riposte chinoise aux manifestations tibétaines a relancé le débat sur les Jeux. Le parcours de la flamme olympique, qui traversera à partir de la semaine prochaine 19 pays avant de gagner Pékin, et doit aussi passer par le Tibet, devrait être le théâtre de manifestations.

Des voix s'élèvent aussi en faveur d'un boycottage de la cérémonie d'ouverture. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a révélé que son gouvernement n'excluait pas cette possibilité, tout comme, en France, la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme Rama Yade, à titre personnel.

Les autorités américaines, comme l'Union européenne, ont simplement appelé Pékin à la retenue. Mais le chef du gouvernement britannique, Gordon Brown, a annoncé mercredi qu'il rencontrerait le dalaï-lama lors de sa venue en Grande-Bretagne, prévue en mai, s'attirant une réaction indignée du ministère chinois des Affaires étrangères.

Selon un nouveau bilan officiel diffusé jeudi par Chine nouvelle, 325 personnes ont été blessées à Lhassa, où le coût financier des émeutes et des pillages est estimé à 28 millions de dollars. Pékin avait auparavant parlé de 13 "civils innocents" et trois émeutiers tués. Les groupes tibétains en exil avancent pour leur part un bilan proche des 100 morts parmi leur communauté.

Pour Minxin Pei, du centre de réflexion Carnegie Endowment for International Peace basé à Washington, le retour au premier plan de la question tibétaine constitue une "mauvaise surprise pour Pékin" après vingt années de maîtrise relative.

"Le gouvernement chinois est maintenant engagé dans une campagne de relation publique visant à limiter les dégâts (...) La dernière chose que le gouvernement chinois veut voir serait une éruption de violence similaire ou des manifestations à proximité de l'ouverture des Jeux", dit-il.

yahoo.com

Y.K/sourcesWeb



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