ALGER a vécu hier son épisode le plus sanglant depuis la reprise des violences politiques au début des années 1990. L’explosion de deux voitures piégées dans le centre de la capitale algérienne a fait au moins 62 victimes et de nombreux blessés. Dans le quartier de Ben- Aknoun, le premier attentat s’est produit devant les locaux de la Cour suprême et du Conseil constitutionnel. Le second a frappé le quartier chic et sécurisé d’Hydra, siège du Haut- Commissariat aux réfugiés de l’ONU. Dix employés des Nations unies ont été tués et plusieurs autres étaient portés disparus. Le double attentat a été revendiqué dans la soirée sur Internet par la branche d’al- Qaida pour le Maghreb islamique ( BAQM), ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat ( GSPC). Depuis son allégeance à Ben Laden en septembre 2006, son chef Abdelmalek Droukdal s’est lancé dans une surenchère terroriste en se plaçant sur le terrain de l’internationale islamiste. En dépit de cette démonstration de force, sa mouvance paraît divisée.
Depuis la guerre d’indépendance, c’est sans doute l’attentat le plus meurtrier qui a ensanglanté, hier, Alger. Il est presque 10 heures lorsqu’une voiture piégée explose à Ben Aknoun, sur les hauteurs de la ville. Un bus bondé d’étudiants qui passait à proximité est pulvérisé, faisant des dizaines de morts. Vraisemblablement cible des terroristes, la façade blanche du Conseil constitutionnel est soufflée ; une partie de l’immeuble s’est effondrée, emprisonnant sous les gravats de nombreuses victimes, que les sapeurs-pompiers peinent à délivrer. Une vieille femme hurle sa douleur en se frappant la poitrine : «Pourquoi ? Pourquoi ?» Des débris de verre jonchent la chaussée maculée de sang. Des passants sous le choc, hagards, d’autres ensanglantés, courent dans tous les sens.
Alors que les forces de l’ordre sécurisent le périmètre au rythme des sirènes d’ambulances, une seconde bombe de plus forte intensité secoue la ville. C’est un kamikaze qui vient de se faire exploser dans une voiture suicide à Hydra, le quartier chic le plus sécurisé de la capitale. Le siège du HCR, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, est détruit. Dans le voisinage, plusieurs immeubles sont endommagés ; sur un rayon de plus de cent mètres, les vitres ont volé en éclats. Autour du cratère de l’explosion, que des agents de la police scientifique tentent de sonder, plusieurs voitures calcinées témoignent de la violence de l’explosion. « Ils n’ont aucune limite, aucune morale. Même dans une guerre entre deux pays ennemis, la Croix-Rouge est épargnée » s’emporte un vieux riverain. La rumeur annonce d’autres attentats et la panique se propage dans la ville ; le réseau téléphonique est saturé. La radio nationale interrompt ses programmes et diffuse de la musique classique. Le Conseil du gouverne ment ajourne sa réunion hebdo - madaire.
Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur, arrive sur les lieux. Le visage blême, il évalue le drame et tente d’en minimiser l’impact politique : «Ce genre d’attentat est très simple à commettre. Même s’il y a moins d’attentats, j’ai toujours dit que nous n’étions pas à l’abri et qu’il fallait être vigilant.»
Contexte politique troublant
Hydra, fief de la nomenklatura algérienne qui abrite de nombreuses ambassades, accueille depuis quelques années les bureaux d’entreprises étrangères et de nombreux expatriés. Même durant la «décennie rouge» de la guerre civile, le quartier huppé était épargné par la violence. Depuis que le GSPC a fait allégeance à Ben Laden en septembre 2006 pour devenir la Branche d’al-Qaida pour le Maghreb islamique (BAQMI), les attentats qu’il revendique se font plus rares ; mais ils sont plus spectaculaires. Comme le kamikaze qui s’est fait sauter, le 6 septembre, à proximité d’un cortège du président Bouteflika à Batna, dans l’Est algérien, faisant 22 morts et une centaine de blessés.
Hier, le bilan macabre s’est alourdi de 62 morts, selon des sources hospitalières, de 26 morts et 177 blessés selon les autorités. En soirée, al-Qaida pour le Maghreb islamique a revendiqué la tuerie sur un site Internet, publiant les photos des deux kamikazes. Parmi les victimes, de nombreux étrangers et une dizaine d’employés algériens de l’ONU. Ce double attentat survient alors que le FLN (ex-parti unique, majoritaire) du premier ministre Abdelaziz Belkhadem et ses organisations satellites viennent de lancer une offensive pour imposer une révision de la Constitution, afin de permettre au président Bouteflika de briguer un troisième mandat en avril 2009. Une initiative loin de faire l’unanimité dans le sérail.
Depuis la guerre d’indépendance, c’est sans doute l’attentat le plus meurtrier qui a ensanglanté, hier, Alger. Il est presque 10 heures lorsqu’une voiture piégée explose à Ben Aknoun, sur les hauteurs de la ville. Un bus bondé d’étudiants qui passait à proximité est pulvérisé, faisant des dizaines de morts. Vraisemblablement cible des terroristes, la façade blanche du Conseil constitutionnel est soufflée ; une partie de l’immeuble s’est effondrée, emprisonnant sous les gravats de nombreuses victimes, que les sapeurs-pompiers peinent à délivrer. Une vieille femme hurle sa douleur en se frappant la poitrine : «Pourquoi ? Pourquoi ?» Des débris de verre jonchent la chaussée maculée de sang. Des passants sous le choc, hagards, d’autres ensanglantés, courent dans tous les sens.
Alors que les forces de l’ordre sécurisent le périmètre au rythme des sirènes d’ambulances, une seconde bombe de plus forte intensité secoue la ville. C’est un kamikaze qui vient de se faire exploser dans une voiture suicide à Hydra, le quartier chic le plus sécurisé de la capitale. Le siège du HCR, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, est détruit. Dans le voisinage, plusieurs immeubles sont endommagés ; sur un rayon de plus de cent mètres, les vitres ont volé en éclats. Autour du cratère de l’explosion, que des agents de la police scientifique tentent de sonder, plusieurs voitures calcinées témoignent de la violence de l’explosion. « Ils n’ont aucune limite, aucune morale. Même dans une guerre entre deux pays ennemis, la Croix-Rouge est épargnée » s’emporte un vieux riverain. La rumeur annonce d’autres attentats et la panique se propage dans la ville ; le réseau téléphonique est saturé. La radio nationale interrompt ses programmes et diffuse de la musique classique. Le Conseil du gouverne ment ajourne sa réunion hebdo - madaire.
Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur, arrive sur les lieux. Le visage blême, il évalue le drame et tente d’en minimiser l’impact politique : «Ce genre d’attentat est très simple à commettre. Même s’il y a moins d’attentats, j’ai toujours dit que nous n’étions pas à l’abri et qu’il fallait être vigilant.»
Contexte politique troublant
Hydra, fief de la nomenklatura algérienne qui abrite de nombreuses ambassades, accueille depuis quelques années les bureaux d’entreprises étrangères et de nombreux expatriés. Même durant la «décennie rouge» de la guerre civile, le quartier huppé était épargné par la violence. Depuis que le GSPC a fait allégeance à Ben Laden en septembre 2006 pour devenir la Branche d’al-Qaida pour le Maghreb islamique (BAQMI), les attentats qu’il revendique se font plus rares ; mais ils sont plus spectaculaires. Comme le kamikaze qui s’est fait sauter, le 6 septembre, à proximité d’un cortège du président Bouteflika à Batna, dans l’Est algérien, faisant 22 morts et une centaine de blessés.
Hier, le bilan macabre s’est alourdi de 62 morts, selon des sources hospitalières, de 26 morts et 177 blessés selon les autorités. En soirée, al-Qaida pour le Maghreb islamique a revendiqué la tuerie sur un site Internet, publiant les photos des deux kamikazes. Parmi les victimes, de nombreux étrangers et une dizaine d’employés algériens de l’ONU. Ce double attentat survient alors que le FLN (ex-parti unique, majoritaire) du premier ministre Abdelaziz Belkhadem et ses organisations satellites viennent de lancer une offensive pour imposer une révision de la Constitution, afin de permettre au président Bouteflika de briguer un troisième mandat en avril 2009. Une initiative loin de faire l’unanimité dans le sérail.