Régions
03/03/2008 13:34

Aix en Provence : une prostituée séquestrée dans son appartement


"Une mère de 2 enfants qui se bat comme elle peut pour les faire vivre et assume ses choix de vie."


C'est ainsi que Me Patrice Reviron présente Nathalie, la trentaine, agressée violemment le 8 février 2007 dans le studio où elle travaille à Aix. Ce soir-là, un homme avait appelé plusieurs fois cette prostituée pour un rendez-vous. Une fois la "prestation" effectuée, il avait ouvert la porte à deux hommes encagoulés et armés.

Début du cauchemar qu'évoque la jeune femme devant le tribunal correctionnel d'Aix, où sont jugés deux jeunes Aixois pour vols avec violences. "Ils m'ont menottée, ont braqué une arme sur moi et ont fouillé mon studio. Ils cherchaient l'argent", raconte-t-elle. Les deux malfaiteurs avaient également attaché le client. "Mais je me doutais qu'ils étaient de mèche", ajoute Nathalie. En effet, après avoir volé la carte bancaire et du liquide, les deux hommes encagoulés "enlevaient" le client. Qu'on avait aperçu quelques minutes après, faisant des achats dans une grande surface avec la carte bancaire de la victime.

Selon l'accusation, Nordine Alouani, 21 ans, a joué ce rôle. "On vous voit sur le film de vidéosurveillance en train d'acheter 38 bouteilles d'alcool", lance la présidente Alis. Mais Alouani, qui avait reconnu les faits face aux enquêteurs, nie toute implication. Il patauge, même, ne se souvenant plus pourquoi il détenait la carte de la prostituée. Son co-prévenu, Imad Zoglami, 23 ans, est suspecté d'être celui qui avait braqué et menacé la prostituée. "Mais non...", se défend-il.

Pourtant, c'est avec son téléphone qu'on avait contacté la jeune femme. Et dans sa voiture, les policiers avaient retrouvé une feuille de journal où figurait la petite annonce passée par Nathalie. Les policiers n'ont pas identifié le troisième individu. Comment ne pas voir là un guet-apens minutieusement préparé ? D'autant que la victime se souvient que quelques jours avant les faits, Zoglami était venu la voir.

Le soir des faits, les malfaiteurs étaient repartis après avoir aspergé la jeune femme avec une bombe lacrymogène. Mais elle avait eu le courage de porter plainte. Pour Me Reviron, qui représente Nathalie, "c'était un véritable guet-apens où il manque le troisième homme. Imaginez l'angoisse, le sentiment d'avilissement qu'elle a ressentis". Le procureur Ledonche s'adresse aux prévenus: "Quel courage de s'attaquer à une jeune femme seule, de la séquestrer, la menotter, la gazer". Elle requiert 5 ans contre Zoglami et Alouani et 5 mois avec sursis contre Laura, une jeune femme présente dans le dossier, qui avait accompagné Alouani pour acheter l'alcool.

L'avocat de celle-ci, Me Bellilchi, insiste : "Il n'y a pas d'élément prouvant qu'elle connaissait l'origine frauduleuse de la carte bancaire". "L'avocat est-il obligé de servir les mêmes inepties que son client ? Alouani avait commencé par dire la vérité mais c'est un suiveur. Un exécutant", tente d'expliquer son conseil, Me Michel Paliard. Pour Me Lionel Febbraro, l'avocat de Zoglami, il pourrait s'agir d'une vengeance: "Mon client a dit qu'il a prêté son portable à Alouani, qui a peut-être voulu se venger."

Alouani a été condamné à 2ans de prison, Zoglami à 5ans. Laura a écopé de 4 mois avec sursis.

Laprovence.com


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