Régions
03/03/2008 19:07

Aix en Provence: turbulences aux assises pour cause de pressions sur les jurés


Patrick Vogt, le président de la cour d'assise des Bouches du rhône a annoncé ce matin, à l'audience que des pressions avaient été exercées sur deux des jurés de la cour pendant le week-end, les qualifiant d'"intolérables".


La cour d'assises des Bouches-du-Rhône a connu lundi une journée mouvementée, la défense de six hommes accusés d'avoir participé à l'assassinat d'un nationaliste corse, Nicolas Montigny, en 2001, ayant demandé sans succès un report du procès, pour cause de pressions sur certains jurés.

Trois hommes, circulant à bord d'un 4X4, sont soupçonnés d'avoir tenté dimanche d'approcher un juré qui habite Marseille. Interpellés à la suite d'une alerte donnée par un voisin et avant d'avoir pu parler à ce juré, ils ont été placés en garde à vue et seront déférés mardi devant un juge.

Un des trois hommes est un proche de la famille de Jacques et François Mariani, deux des accusés jugés à Aix-en-Provence.

Jacques Mariani, 42 ans, est accusé, avec Alexandre Vittini, d'avoir abattu Nicolas Montigny à Bastia en 2001. Considéré par la police comme l'un des membres les plus influents du gang corse de la "Brise de mer", François Mariani, dit Francis, père de Jacques, est accusé d'"association de malfaiteurs".

Après une réunion entre les différents protagonistes de ce procès (avocats de la défense, de la partie civile, avocats généraux et magistrats de la cour), les avocats de la défense ont demandé un report du procès, même si François Mariani, prenant le contre-pied de ses avocats, a lancé à la cour: "jugez-moi".

Me Eric Dupond-Moretti, l'un des avocats de Jacques Mariani, a affirmé à la barre: "Tout ce qui se produira et ce qui s'est produit est entaché de suspicion, le verdict qui sera rendu est déjà entaché de suspicion".

Me Dominique Mattei, avocat d'Alexandre Vittini, a indiqué qu'il avait été désigné pour assister l'un des hommes interpellés à Marseille. "Je suis dans une ambiguïté qui m'empêche de parler, je demande le report de ce procès à regret car je sentais l'innocence de mon client s'installer au fil des débats", a-t-il déclaré.

L'un des deux avocats généraux de ce procès, Patrice Ollivier-Maurel, s'est vivement opposé à un report: "Ce renvoi serait totalement inutile, les jurés d'un nouveau procès seraient de toute façon au courant qu'il y a eu des pressions sur leurs prédécesseurs, je reste confiant dans les jurés que vous êtes et je n'accepte pas que ce procès soit de nouveau renvoyé".

Après une heure de délibéré, la cour a finalement décidé de poursuivre les débats.

Dans l'après-midi, un témoin qui avait attesté que l'un des accusés, Anthony Bizzari, se trouvait sur les lieux du crime peu avant celui-ci, est revenu sur ses déclarations, affirmant qu'il avait signé sa déclaration sous la pression des enquêteurs. Anthony Bizzari est jugé pour "complicité d'assassinat" et "association de malfaiteurs".

Le procès, déjà reporté en mai 2007 --la défense avait demandé et obtenu un supplément d'information--, se déroule depuis une semaine, dans une atmosphère souvent tendue.

Le travail des enquêteurs et particulièrement les investigations sur les contacts téléphoniques présumés entre les accusés, l'un des éléments majeurs de l'accusation, ont été vigoureusement attaqués par la défense, en fin de semaine dernière, dans une salle d'audience où le public est en grande partie favorable aux accusés.

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