S’agissait-il là, de la part de Fidel Abdelkerim MOUNGAR, d’un simple rappel au respect du droit international? C’est certain mais ce n’est pas tout. Il faut, en effet, rapprocher cette déclaration de celle du Colonel Adouma Hassaballah, Chef de l’UFCD (seule composante politico-militaire tchadienne encore capable de lancer une nouvelle offensive) qui affirme que la rébellion armée «n’est pas le seul moyen de prendre le pouvoir au Tchad».
C’est là que se dessineraient les contours d’une alliance objective, autour de Fidel MOUNGAR, dans une autre dynamique que celle de la guerre et des règlements de compte personnels, un autre vocabulaire que celui de la violence.
Sauf qu’en filigrane Ahmat Yacoub-Dabio, celui là même "qui renonce à soutenir toute offonsive armée d'où qu'elle vienne" reste attaché à son Ouaddaï - Préfecture d’Abéché - et que cela inspire une certaine défiance aux supporters sudistes de Fidel Moungar aussi bien qu’à l’entourage nordiste du Colonel Hassaballah, les uns et les autres étant toujours hantés par le spectre post-colonial d’un Jacobinisme imposé. Pour autant, l'idée d'un fédéralisme Tchadien fait son chemin et Fidel Moungar n'est pas loin de la faire sienne.
A contrario et quitte à me le faire reprocher par mes amis,les intellectuels tchadiens souffrent du grave syndrome de l’anti régionalisme, ignorants qu’ils sont que le Tchad profond vit dans son village et reste intimement traditionaliste. Nier cette évidence, faire fi des spécificités et particularismes de chaque peuple, serait un facteur de guerre parce que de déni culturel.
La question n’en reste pas moins posée: le Tchad veut-il encore de Déby? Et si non quelle est l’alternative qui pourrait être offerte aux Tchadiens? Pis encore, Idriss Déby a-t-il une quelconque existence politique sinon à travers son armée, la reconnaissance internationale de son Régime et... l’existence de forces politico-militaires lesquelles, pour n’être pas aussi menaçantes qu’il y paraitrait, n’en permettent pas moins à Déby de justifier de sa présence au pouvoir en tant que garant des investissements étrangers. Cela, Moungar le sait et, en opposant tranquille, il consulte en n’excluant rien ni personne.
L’opposition armée tchadienne a-t-elle compris qu’elle pérennisait, consolidait le Régime de Déby? Ce n’est pas certain. Et ses seigneurs de la guerre d’un autre âge continuent à espérer, de la part de Karthoum et d'ailleurs, un soutien politique et militaire. C’est là une grave illusion qui ne tient pas compte que Pékin, premier acheteur du pétrole de Khartoum, pourrait espérer être demain celui de Ndjamena. Décidément, avec ou sans Déby, les affaires se feront. Veillons à ce que les Tchadiens en pâtissent le moins possible.
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