Asie & Extrême Orient
23/07/2008 19:09

Afghanistan: débat sur le renfort des troupes américaines


Barack Obama, John McCain et George Bush sont tous d'accord sur un point: il faudrait plus de soldats américains en Afghanistan. Mais feraient-ils vraiment la différence?



Pour beaucoup d'experts, des troupes de combat supplémentaires pourraient contribuer à endiguer un conflit en pleine expansion mais les problèmes du pays exigent bien plus que cette seule solution militaire.

Une forte hausse des effectifs de la police et de l'armée afghane, ainsi que de leurs instructeurs étrangers, des progrès dans la lutte contre la corruption et le trafic d'opium, ce sont les autres pistes régulièrement évoquées par les analystes pour stabiliser le pays.

Obama, le candidat démocrate à la Maison blanche, a promis de concentrer les efforts militaires américains sur l'Afghanistan, au détriment de l'Irak, et l'envoi rapide d'au moins deux brigades, soit 7.000 hommes.

McCain, son adversaire républicain, estime que les commandants sur le terrain devraient pouvoir obtenir les trois brigades qu'ils réclament.

Mais il soutient la politique de George Bush qui maintient l'Irak comme priorité et occupe l'armée américaine sur deux fronts, retardant l'arrivée de troupes en renfort.

Le président américain s'est engagé à envoyer d'autres militaires en Afghanistan mais peu s'attendent à les voir arriver avant son départ de la Maison blanche en janvier.

Robert Gates, le secrétaire à la Défense, a indiqué mercredi dernier que les services du Pentagone planchaient sur la possibilité de déployer de nouvelles troupes "au plus tôt", mais aucune recommandation n'a encore été fixée.

Les Etats-Unis disposent actuellement de 36.000 soldats en Afghanistan. Quelque 17.500 d'entre eux sont intégrés à l'Isaf (la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'Otan); les autres participent à l'opération Liberté immuable (Enduring Freedom, sous commandement américain).

Au total, l'Isaf compte 53.000 hommes, un chiffre nettement insuffisant aux yeux de Sean Kay, expert de l'Otan à l'Université Wesleyan, dans l'Ohio.

Les taliban, chassés du pouvoir à la fin 2001, et d'autres combattants sont parvenus à reprendre le contrôle des régions qu'ils avaient abandonnées dans le sud et l'est du pays, le coeur de l'insurrection, parce que les troupes n'y étaient pas assez nombreuses pour assurer la sécurité, souligne-t-il.

COMBIEN D'HOMMES?

Aux militaires de l'Otan et de l'opération Liberté immuable s'ajoutent 63.000 soldats afghans et 79.000 policiers, ce qui fait un total de 214.000 hommes, selon les responsables américains. En Irak, les Etats-Unis ont 147.000 hommes et le pays compte quelque 170.000 militaires et 365.000 policiers.

Le nombre d'hommes en renfort qu'il faudrait déployer en Afghanistan fait débat.

Seth Jones, spécialiste du pays pour le groupe d'études Rand Corporation, n'est pas certain que les chiffres cités çà et là soient fondés sur une analyse très rigoureuse.

Le général Dan McNeill, ancien commandant de l'Isaf, a affirmé qu'il fallait plus de 300.000 hommes pour combattre une insurrection dans un pays avec une superficie et une population comme celles de l'Afghanistan, si l'on se réfère aux formules appliquées par les manuels de tactique de l'armée américaine.

John Nagl, un expert de la lutte contre la guérilla, évoque un besoin de 150.000 hommes en renfort. Une majorité devrait à son avis être recrutée dans la population afghane et le pays devrait instituer la conscription.

"C'était bien le cas pour les Etats-Unis jusqu'en 1973", souligne cet ancien officier de l'armée de terre. "Pourquoi ce ne serait pas bon pour le cinquième pays le plus pauvre du monde, confronté à une insurrection difficile ?"

Beaucoup de spécialistes soulignent qu'une stratégie d'alliance avec les milices locales est capitale pour combattre les insurgés.

Carter Malkasian, du groupe de recherche CNA qui a conseillé le Pentagone, rappelle que le recrutement de forces tribales anciennement alliées à Al Qaïda pour assurer la sécurité dans la province irakienne de l'Anbar s'est révélé payant.

Cette mesure, "efficace en termes de coût" dit-il, serait "moins onéreuse que l'envoi de renforts dans le pays ou de nouveaux sacrifices pour nos hommes, même si nous ne pourrons pas non plus les éviter".

Source: yahoo news

Arame Diène



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