Afrique et Moyen-Orient
07/08/2023 16:21

Absence de projet immédiat d'intervention militaire de la Cedeao au Niger : la porte du dialogue reste ouverte

En dépit de la date butoir qui a expiré dimanche soir, une intervention militaire immédiate pour rétablir le président Mohamed Bazoum n'est pas actuellement envisagée. Un sommet réunissant les dirigeants des pays membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) est prévu dans les "prochains jours" afin de prendre une décision à ce sujet.


Le Niger ne faisait pas l'objet d'un déploiement de troupes lundi matin. Dans la capitale, la situation était calme après la fin de l'ultimatum énoncé par les pays d'Afrique de l'Ouest, exigeant le retour à l'ordre constitutionnel suite au coup d'État, sous la menace d'une intervention militaire.

Bien que les chefs d'état-major de la Cedeao aient esquissé les contours d'une potentielle intervention armée au Niger, celle-ci n'a pas été déclenchée automatiquement après l'expiration de l'ultimatum dimanche soir. D'après une source proche de la Cedeao, une intervention militaire immédiate pour rétablir le président Mohamed Bazoum n'est pas au programme à ce stade. Un sommet rassemblant les dirigeants des pays membres est programmé dans "les prochains jours" pour en discuter davantage.

Malgré le rejet actuel des auteurs du coup d'État envers toute proposition de dialogue, la voie des négociations semble rester une option viable. Parallèlement, l'armée malienne a annoncé l'envoi d'une délégation officielle conjointe Mali/Burkina Faso à Niamey, dans le but de "témoigner de la solidarité des deux pays envers le peuple frère du Niger", en soutien aux instigateurs du coup d'État.

Les pays voisins du Niger, le Burkina Faso et le Mali, tous deux gouvernés par des militaires et confrontés à la violence des groupes jihadistes, ont mis en garde contre toute intervention armée, qu'ils considèrent comme une "déclaration de guerre" envers leurs nations respectives.

Peu avant l'échéance de l'ultimatum fixé une semaine plus tôt par la Cedeao, les forces militaires nigériennes ont déclaré la fermeture de l'espace aérien du pays "jusqu'à nouvel ordre", invoquant une "menace d'intervention en provenance des pays voisins". Elles ont averti que toute tentative de violation de l'espace aérien entraînerait une réponse énergique et immédiate.

Tensions autour d'une éventuelle intervention

Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), l'organe au pouvoir dirigé par les militaires, a accusé une fois de plus, bien qu'elle ne soit pas nommée, la France d'ingérence. Il a mis en garde la Cedeao, qu'il estime être sous l'influence d'une "puissance étrangère", contre toute implication dans les affaires intérieures du Niger, mettant en avant les conséquences désastreuses d'une opération militaire sur la sécurité de la sous-région.

D'autres voix africaines se sont élevées contre l'idée d'une intervention militaire ces derniers jours. Les sénateurs nigérians, membres influents de la Cedeao, ont plaidé en faveur du renforcement des solutions politiques et diplomatiques. L'Algérie, un autre voisin du Niger et un acteur majeur au Sahel, a qualifié toute intervention de "menace directe" pour le pays, selon les propos de son président Abdelmadjid Tebboune.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a exprimé l'espoir que l'ultimatum de la Cedeao soit prolongé.

Au matin du lundi, Niamey s'est réveillée dans le calme après une démonstration de force réunissant environ 30 000 partisans des militaires dans le plus grand stade de la capitale. Des drapeaux du Niger, du Burkina Faso voisin, et même de la Russie ont été brandis, tandis que la France et la Cedeao ont été huées. Les membres du CNSP présents ont été acclamés par la foule.

Bien que l'ultimatum de la Cedeao ait expiré dimanche soir, un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères a affirmé que les discussions de médiation se poursuivent avec les militaires au pouvoir à Niamey. Selon Sebastian Fischer, un porte-parole du ministère, la Cedeao a toujours indiqué qu'elle privilégierait les efforts de médiation, et que ces derniers ne font que commencer étant donné que les sanctions commencent à peine à produire des résultats.


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