Art et Culture
19/11/2008 18:34

A la poursuite du "diamant bleu de la couronne"

Washington- Le mythique "diamant bleu de la Couronne" dérobé pendant la Révolution française et le "diamant Hope" exposé à Washington ne seraient qu'une seule même pierre, sauvagement retaillée.


La rocambolesque histoire du "diamant bleu", rapporté des Indes par un aventurier français, vendu à Louis XIV et magnifiquement taillé en "rose de Paris", connaît un nouveau rebondissement avec la récente découverte d'un modèle en plomb au Muséum d'histoire naturelle à Paris.

Les joailliers avaient alors l'habitude de fabriquer une réplique en plomb, verre ou céramique de leurs gemmes, pour en garder une trace ou à des fins d'enseignement, explique François Farges, qui a retrouvé ce modèle le 8 décembre 2007 dans l'inventaire de la collection de minéralogie.

Le plomb correspond parfaitement au célèbre diamant bleu de 69 carats, chef-d'œuvre de joaillerie baroque d'un bleu foncé exceptionnel, avec sa double symétrie impaire (triangulaire d'ordre 7).

Les sept facettes forment un soleil à sept rayons, probablement un symbole "du Roi soleil en personne, monarque de droit divin", selon l'étude publiée dans la Revue de gemmologie.

Le "diamant bleu de la Couronne", serti sous Louis XV dans le grand insigne de l'ordre de la Toison d'or, sera porté une dernière fois par Louis XVI aux Etats Généraux en 1789. Il est volé au cours de son exposition au public avec d'autres biens royaux, en 1792.

"Quelques guillotines, un empereur et vingt ans après, un diamant bleu de 45,5 carats réapparaît outre-Manche", racontent les chercheurs.

Cette apparition intervient curieusement 20 ans et deux jours après la mise à sac du garde meuble royal, soit "deux jours après la prescription légale du vol", notent-ils.

Le premier propriétaire véritablement reconnu de ce "nouveau" diamant bleu est Henry Philip Hope, banquier londonien. Pour de nombreux historiens, le "diamant Hope", qui passe de main en main avant d'être donné à la Smithsonian Institution de Washington n'est autre que le diamant bleu retaillé.

Restait à apporter des preuves. La comparaison numérique du diamant bleu reconstitué et du diamant Hope a permis d'établir que ce dernier "rentre parfaitement dans l'autre au centième de millimètre près", explique M. Farges. Le poids recalculé du modèle en plomb correspond également au fameux diamant bleu.

Parallèlement à l'étude numérique, François Farges et son équipe internationale ont mené une véritable "enquête policière" à la poursuite du diamant bleu. Ils ont ainsi découvert que le catalogue du Muséum mentionne le "modèle d'un diamant remarquable par sa limpidité, appartenant à Mr Hoppe de Londres".

De Hoppe à Hope, il n'y a qu'un pas... Pour le chercheur français, ce "faisceau de convergences" renforce la thèse du vol et de la vente du diamant retaillé au banquier anglais. Une autre thèse voudrait que "Danton ait organisé le vol des joyaux de la couronne pour payer les troupes austro-prussiennes lors de la bataille de Valmy, afin qu'ils ne livrent pas bataille", résume M. Farges.

La France pourrait-elle récupérer le diamant bleu ? "Non", tranche M. Farges : retaillé, le diamant qui se trouve à la Smithsonian "est une pierre complètement différente".

"Si on me demandait de dire devant un tribunal que je suis sûr à 100% qu'il s'agit du même diamant, je ne le pourrais pas, car la nature et la composition chimique du diamant bleu d'origine n'ont jamais été documentées", ajoute-t-il.

Et puis, aux yeux de ce passionné, le plomb a "plus de valeur culturelle et historique que le diamant Hope, si mal taillé que c'est vraiment une pièce de charbon".


Source: Yahoo News


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